Et par Sainte Barbe, vive la bombarde !
Depuis des siècles, ce cri résonne le 4 décembre entre les murs de l’École de l’Artillerie. Réunis autour de leur sainte patronne, les artilleurs célèbrent ainsi l’histoire de leur arme, de leurs régiments, de leur école.
Si l’artillerie apparaît en France au XIIIème siècle, la formation des artilleurs ne s’institutionnalise que bien plus tard. Avant de connaître un apprentissage rigoureux et encadré, l’artillerie s’insère progressivement au sein de l’armée royale. Au fil du temps émergent de nouveaux titres militaires, de nouvelles fonctions, de nouveaux régiments … puis de nouveaux centres de formation.
C’est à la fin du XVIIIème siècle que la première école d’application voit le jour. Jusqu’alors, l’éducation des artilleurs était réalisée au sein des régiments et dépendait de chaque chef de corps.
En 1791, à Châlons-sur-Marne, les élèves officiers de l’arme intègrent ainsi la nouvelle école d’application afin de suivre un apprentissage uniformisé et de qualité. Tous portent un uniforme où l’écarlate domine ; c’est la couleur du feu, la couleur emblématique d’une arme qui s’institutionnalise peu à peu. Les artilleurs affichent désormais le sautoir de bombardes sur chacun de leur bouton doré. Le symbole se répand au sein de l’armée et reste en vigueur aujourd’hui.
En 1802, un arrêté ordonne la fusion de l’école d’artillerie avec celle du génie. L’institution de Châlons-sur-Marne est alors transférée à Metz pour devenir « l’École impériale d’application de l’artillerie et du génie ». C’est au sein de cette école que naît le célèbre chant de l’Artilleur de Metz, bien connu de tous les artilleurs.
Mais en 1870, la région n’est plus très sûre, le risque d’une invasion Allemande entraîne la délocalisation de l’École d’application à Fontainebleau puis à Poitiers, puis à Nîmes en 1940. Le contexte politique à cette période est une fois encore défavorable à l’École de l’Artillerie. L’occupation Allemande engendre sa dissolution. Les artilleurs en formation sont alors envoyés en Afrique du Nord, à Médiouna et à Cherchell. Cette situation reste temporaire : à l’issue de la guerre, l’École s’implante en Allemagne à Idar-Oberstein puis organise son retour en France en 1953.
Elle est alors transférée là où elle a été créée, à Châlons-sur- Marne. Le dernier de ces nombreux transferts a lieu en 1976, année durant laquelle l’École d’Application de l’Artillerie s’établit à Draguignan. À cette date, seule l’artillerie sol-sol est étudié par les cadres de l’arme. Quant à l’artillerie sol-air elle possède sa propre école depuis le début du XXème siècle. Les deux fusionneront en 1983, la spécialité sol-air étant alors intégrée à la formation des élèves Dracénois.
Depuis, l’ecole d’Application continue à former les élèves pour que l’arme reste « le dernier argument des rois » (Ultima Ratio Regum), une devise en vigueur depuis le règne de Louis XIV. L’École offre ainsi un apprentissage moderne et pointu tout en demeurant un véritable foyer de traditions.